Le métier d’écrivain public, entre ville et campagne
Le métier d’écrivain public couvre un large éventail de services autour de l’écriture. Certains écrivains publics se spécialisent, par exemple, dans la rédaction de biographies, la correction de textes, la création de contenus ou les ateliers d’écriture. D’autres préfèrent accompagner les particuliers et les professionnels dans leurs démarches administratives, un soutien précieux dans un monde de plus en plus dématérialisé. Enfin, il y a ceux et celles qui naviguent entre ces différentes missions. Quelles que soient leurs compétences ou appétences, ces hommes et femmes ont pour vocation de mettre leur plume et leurs connaissances au service de ceux et celles qui en ont besoin. Mais cette vocation se décline-t-elle différemment selon que l’on exerce en milieu rural ou urbain ?
Pour explorer cette question, nous sommes allés à la rencontre d’écrivains publics, hommes et femmes, répartis entre l’Île-de-France, des villes comme Limoges ou Saint-Étienne, et des zones rurales situées dans les départements de la Sarthe, l’Aveyron et l’Ain. Des territoires dont la densité de population varie entre environ 1 400 et 43 habitants par km2.
Se faire connaître : une nécessité commune, des stratégies ajustées
Qu’ils travaillent en ville ou à la campagne, tous les écrivains publics rencontrés partagent un même défi : se faire connaître. Les outils numériques comme les réseaux sociaux (LinkedIn) ou les moteurs de recherche (Google) jouent un rôle important. Le site internet, les Pages Jaunes, voire des articles dans des journaux locaux sont également des canaux courants pour attirer des clients.
Néanmoins, c’est souvent le bouche-à-oreille qui reste le levier le plus efficace, quelle que soit la zone d’activité. Bouche-à-oreille qui se propage par l’intermédiaire des clients eux-mêmes, mais aussi au travers de réseaux professionnels et personnels ou de groupements d’entrepreneurs.
En milieu urbain, Anne, qui s’est spécialisée dans les travaux de secrétariat et les démarches administratives, a choisi de louer un local dans une rue passante de Saint-Étienne. Elle a même installé une oriflamme devant sa vitrine pour augmenter ses chances d’être vue. Pour elle, ce local est essentiel : « Sans cette visibilité, je n’aurais pas de clientèle. »
En milieu rural, des stratégies complémentaires se mettent en place. Les écrivains publics participent à des événements locaux comme des fêtes médiévales, des comices agricoles ou des marchés de Noël, pour être au contact du public. Certains placent des plaques aimantées sur leurs véhicules personnels pour afficher leur activité lors de leurs déplacements. D’autres encore participent à des portes ouvertes organisées par des services comme les maisons France Services et tissent des liens avec des acteurs sociaux locaux.
Urbain et rural : des clientèles et besoins distincts ?
Encore une fois, que l’on soit en campagne ou à la ville, les outils numériques et les TIC (technologies de l’information et de la communication) permettent de toucher un large public, tant professionnels que particuliers, et de travailler en distanciel.
Toutefois, en milieu urbain, dans des zones où l’activité économique est intense, il est relativement facile de trouver une clientèle composée de grandes entreprises souhaitant faire rédiger des comptes rendus de réunion ou des dossiers de presse, par exemple. Mais pour toucher cette clientèle, Carla ne se présente pas en tant qu’écrivaine publique, elle utilise plutôt le terme de rédactrice.
En milieu rural, les écrivains publics rencontrent beaucoup de personnes âgées isolées, parfois sans véhicule ou dans l’incapacité de conduire, qui se sentent perdues face à la dématérialisation des services publics et à la gestion de tous leurs documents administratifs. Dans ces zones où les transports en commun sont rares, voire inexistants, les écrivains publics n’hésitent pas alors à se rendre directement au domicile de leurs clients, ce qui nécessite parfois de longs trajets en voiture sur des routes de campagne ou de montagne. Pour Martine, ces visites ne se limitent pas à un simple soutien administratif : elles lui permettent aussi de détecter des besoins non exprimés, notamment en matière d’accès aux droits. Des artisans et agriculteurs sollicitent également leur aide pour constituer, entre autres, des dossiers liés à des certifications ou à leur participation à des concours professionnels. Mais cette clientèle a des habitudes quelque peu déconcertantes : « Ils viennent à l’improviste ou appellent dix minutes avant d’arriver, car leur métier dépend de la météo », raconte Jacques, écrivain public dans l’Aveyron qui a fini par s’habituer à ce mode de fonctionnement atypique.
Isolement, reconnaissance des compétences : un enjeu pour tous
L’isolement est une problématique récurrente pour les écrivains publics aussi bien en ville qu’en campagne. Travailler seul peut être pesant. Alors, pour y remédier certains organisent des repas avec des collègues de leur région, et beaucoup s’appuient sur des réseaux professionnels comme les associations d’écrivains publics (AEPF, GREC, EPACA-Sud, Biographicus) ou le SNPCE afin d’échanger et de partager leurs expériences. Amélie, écrivaine publique installée à Limoges, a choisi également de louer, à cinq minutes de chez elle, un bureau deux jours par semaine pour rompre avec la solitude du travail à domicile. Cela lui permet non seulement de séparer vie professionnelle et personnelle, mais aussi de maintenir un lien social avec d’autres professionnels.
En plus de surmonter l’isolement, les écrivains publics à vocation sociale doivent sans cesse combattre l’image de bénévolat qui leur est associée, rappeler l’importance ainsi que la spécificité de leur expertise, voire expliquer leur métier. Par rapport à certaines structures qui intègrent le service d’aide à la personne en leur sein, ils offrent un accompagnement personnalisé, assurent la confidentialité des échanges et apportent une rigueur indispensable à la préparation des dossiers. Ce souci du détail et cette proximité avec leurs clients permettent souvent un traitement plus efficace des démarches administratives. Ainsi, lorsque, de façon tout à fait exceptionnelle, Anne a déposé en main propre une demande de changement de curatelle au palais de justice, les agents du guichet d’accueil lui ont dit « Oh ! la la, si on pouvait avoir plus de gens comme vous, c’est impeccable, il y a tout » et, trois jours après, son client obtenait son ordonnance.
Deux mondes pas si différents, et une même passion
Qu’ils exercent en milieu rural ou urbain, les écrivains publics partagent les mêmes défis et utilisent en grande partie les mêmes outils pour se faire connaître.
En ville, beaucoup se tournent vers des prestations pour les entreprises ou des activités littéraires par appétence, mais aussi parce que l’accompagnement administratif est souvent assuré par des structures d’accès aux droits comme les centres sociaux ou France Services. En zone rurale, les écrivains publics doivent faire preuve d’inventivité pour toucher leur public dans des territoires dispersés, avec de nombreux déplacements à la clé.
Malgré ces différences, tous sont animés par la richesse des rencontres humaines et la diversité des demandes. Et tous allient écoute, rigueur et adaptabilité pour offrir le meilleur service possible.
Le comité de rédaction remercie grandement Jacques Bergeau, Anne Valencogne, Amélie Chastang, Sylviane Lamant, Carla Pinto, Claude Brendel et Martine Thimond pour leur contribution.
Première convention du métier d’écrivain public
Le 24 mai 2024 se tenait à Bordeaux la première convention du métier d’écrivain public, ou COMEP, portée par l’Atelier Graphite.
Quarante participants venus de toute la France se sont réunis pour évoquer la situation actuelle et envisager l’avenir de la profession. Des ateliers d’échanges professionnels ont abordé le besoin de se fédérer, notamment pour se faire connaître et reconnaître, la formation au métier, les pratiques en vigueur et les financements indispensables. L’organisation de la prochaine convention fera prochainement l’objet d’annonces dès que l’essentiel de son socle aura été consolidé.
La création du collectif des écrivains publics socionumériques, baptisé EP&CO, est l’une des concrétisations de cette première convention du genre. Un site de type « YesWiki » a été créé. Il peut être enrichi par tout utilisateur ayant créé un compte. Outre un annuaire des professionnels déjà inscrits, il propose par exemple une boîte à outils et un espace dédié aux réflexions en cours.
Pour en savoir plus sur cette COMEP : résumé en images.
Pour contacter le collectif : ep.socionumerique@proton.me.
Hausse des cotisations sociales pour les micro-entrepreneurs BNC
Depuis le 1er juillet 2024, l’URSSAF a relevé les taux de cotisation pour les micro-entrepreneurs en bénéfices non commerciaux (BNC), dont font partie les écrivains publics et prestataires en écriture lorsqu’ils exercent en micro-entreprise.
Toutes les professions libérales sont concernées : celles dites « réglementées », affiliées à la CIPAV, et celles dites « non réglementées », affiliées au régime général de la Sécurité sociale des indépendants (SSI). Le tableau suivant résume les taux de cotisations et leurs augmentations, progressives jusqu’en 2026 :
Micro-entreprises BNC | Avant juillet 2024 | Au 1er juillet 2024 | En 2025 | En 2026 |
Réglementées (CIPAV) ou créées avant 2018 | 21,2 % | 23,2 % | 23,2 % | 23,2 % |
Non réglementées (SSI) | 21,1 % | 23,1 % | 24,6 % | 26,1 % |
Les taux de l’ACRE continuent à représenter 50 % des taux ci-dessus.
Cette hausse des taux de cotisations répond à la nécessité de renforcer la couverture en retraite complémentaire des micro-entrepreneurs et d’harmoniser leur protection sociale avec celle des autres travailleurs indépendants. En effet, depuis 2018, les micro-entreprises ne cotisaient pas pour la retraite complémentaire.
L’URSSAF indique qu’un dispositif sera mis en place pour permettre aux entrepreneurs concernés de cotiser de manière rétroactive et ainsi d’acquérir des droits à la retraite complémentaire entre 2018 et 2024.
Les petites annonces de la profession
Annonce du Groupement des Écrivains-Conseils®
Le prochain rassemblement annuel du GREC se déroulera du 14 au 16 mars 2025 à Montauban.
Le forum du GREC réunit les Écrivains-Conseils® le temps d’un week-end au cours duquel sont organisés, outre les assemblées générales nécessaires à la vie associative du groupement, des ateliers d’information et d’échanges de pratiques. Autour d’un thème précis, une activité particulière est ouverte au public pour faire découvrir la profession ou apporter des éléments de réflexion quant au besoin de faire appel à un professionnel de l’écriture pour autrui.
Pour en savoir plus ou suivre cet événement : voir les actualités du GREC.
Conseil syndical du SNPCE
Le prochain conseil syndical du SNPCE aura lieu à Paris (75011) le samedi 18 janvier 2025, à l’Espace Hermès, de 9 h 30 à 13 h 30. Tous les adhérents à jour de leur cotisation sont invités à y participer.
Atelier formation du SNPCE
Un atelier sur le démarchage commercial (démarche initiale de prospection) sera animé par Thierry Lannoy le samedi 18 janvier 2025 après-midi à Paris, Espace Hermès.
Infolettre du SNPCE
Vous aimeriez que le comité de rédaction traite un sujet en particulier ? Faites-nous part de vos envies, de vos idées. Nous les attendons avec impatience !
Vous avez envie de vous investir dans l’activité du SNPCE ? Participez au comité de rédaction de l’infolettre. Les membres de ce comité se réunissent par visioconférence trois fois par an pour discuter des sujets qui pourraient intéresser notre profession et se répartir le travail de rédaction. Ce dernier consiste à écrire deux brèves et un article de fond.
NB : Ceux et celles qui écrivent les brèves ou les articles de fond ne sont pas toujours les mêmes. Le comité de rédaction s’adapte en fonction des contraintes de chacun.
Votre contact : Sonia Corvi contact@soniacorvi.fr
Et pour finir, nous souhaitons la bienvenue à celles et ceux qui nous ont rejoints ces derniers mois, nous n’avons jamais été aussi nombreux !